Zacharie Blondel voleur de poules

 de Philippe Cuisset


La première de couverture ne paye pas de mine et je suis ravie que ce roman m'ait été conseillé car j'ai découvert une belle plume et une histoire poignante.

J'ai été tout de suite sensible à la situation de cet homme, peut être à cause du mot bagne qui me renvoie à Valjean, un héros cher à mon coeur. On sait d'emblée que c'est une histoire vraie, la destinée de cet homme en est d'autant plus poignante. 

Alors que le récit s'ouvre en prison, l'auteur nous dépeint l'injustice et la déportation organisée par une République qui veut se montrer grande, fière et belle et qui est prête à tout pour cacher la misère sous le tapis, même à faire disparaitre une partie de la société. Elle ose même faire miroiter à ces petits délinquants ou repris de justice une liberté en tant que colon dans un pays où il y a tout à construire. Mais  les dettes de ce type sont impossibles à solder et la République les vend au final comme main d'oeuvre bon marché.  

On suit notre héros, voleur de poules, condamné comme tant d'autres pour avoir tenté de survivre. Envoyé à l'autre bout du monde, loin de ses enfants et condamné à l'oubli.

J'ai été touchée par cet aspect du roman, cette disparition, cet effacement. 

L'auteur explique dans cet entretien (Radio primitive) avoir rencontré la descendance de Zacharie Blondel, ils étaient très affectés de savoir que leur aïeul était mort si loin, coupé de tous. La démarche de Philippe Cuisset m'a émue car ce livre, en plus de dénoncer tout un système, redonne corps à cet homme, le faisant sortir de l'oubli. 


Je remercie les
éditions Kyklos et le forum Partage lecture pour ce partenariat !

Présentation de l'éditeur:

Après la Commune de Paris, de nouvelles lois vont réprimer les populations potentiellement dangereuses. La politique d’épuration sociale, déjà violente sous le Second Empire, se durcit sous la IIIe République. Déportation, transportation et relégation remplissent les bagnes de métropole ou d’Outre-Mer. Les travaux forcés, vantés par d’honorables ministres républicains, doivent aboutir à une forme de rédemption laïque que les bagnards sont censés porter jusqu’aux antipodes. Mais cette image colonisatrice d’une France modernisée, industrielle et triomphante, n’est qu’une façade.
En réalité, on nettoie le territoire de cette intarissable veine de misère, on rassure les honnêtes gens, on offre ainsi aux puissantes exploitations agricoles et minières une main d’œuvre à bas prix. L’administration pénitentiaire signe avec la direction de la Société Le Nickel des « contrats de chair humaine ».

Charles Zacharie Blondel, petit agriculteur ruiné, braconnier et voleur de poules, condamné à la relégation à l’Île des Pins, fut victime au bagne de Nouvelle-Calédonie de ce tout premier avatar du néo-esclavagisme colonial.

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