Chambres noires

 de Karine Giebel

J'aime les nouvelles et j'adore l'écriture de cette auteure. Comment ne pas succomber?

Elle m'avait déjà convaincue de sa maitrise de cette forme d'écriture plus courte notamment avec le recueil D'ombre et de silence que j'avais beaucoup apprécié. Ici encore, je connaissais plusieurs des nouvelles. Les relire et découvrir les autres a été un vrai régal. 

Karine Giebel arrive toujours à nous surprendre et à nous captiver entièrement en nous faisant souffrir certes, mais surtout vibrer à la lecture. Beaucoup d'émotions et de plaisir ! Un nouveau coup de coeur pour ce recueil. A lire et à partager!

Le vieux fusil
Martin est enfermé et se demande bien pourquoi. Une entrée en matière assez classique pour ouvrir ce recueil, mais cela n'enlève rien au plaisir de la lecture de ce récit qui questionne la notion de justice. 

L'armée des ombres
J'ai beaucoup aimé cette nouvelle. Violence du quotidien dans la précarité. Exploitation. Sacrifices. Des destins qui se croisent et enfin une lueur d'espoir... et de vengeance!

Un monde parfait
Dès le début de cette petite virée en voiture, on sent que la situation est sur le point de basculer, et cette impression ne va pas nous quitter. J'ai aimé le tour que nous joue l'auteure qui donne une autre dimension à cette histoire! 

Au revoir les enfants
Que d'émotions à la lecture de cette nouvelle ! L'auteure donne ici une voix à ces victimes âgées du COVID si vite assimilées à de simples statistiques. L'histoire de cette femme résistante fait écho avec les violences infligées aux personnes âgées lors de cette crise. 

Sentence
Une nouvelle forte encore qui m'a donné des frissons. Quelle place pour la vie, le choix, l'espoir ou l'amour dans la vie d'Aryana et Kumail? Pression familiale, sociale, culturelle. Eclat de poésie et de tragédie au coeur de la folie des hommes. "Ils viennent d'apprendre le prix de la liberté, sont prêts à le payer."

Dans les bras des étoiles
Cette édition de treize à table 2019 traitait du thème de la fête. Cette nouvelle avait été ma préférée du recueil à l'époque. Un point de vue différent, celui d'un SDF le soir de Noël. De l'émotion, de la poésie. Un texte qui fait mal et qui rassemble

Les hommes du soir
En 2020, le thème était le voyage et Giebel faisait résonner à nouveau l'actualité avec ce récit dont le jeune héros est un migrant. Par ses yeux on entrevoit un peu de l'horreur qu'il a vécu, de ce qui l'oblige à fuir, du calvaire de son voyage à chaque étape... Quelques rencontres, bribes de confiance partagée, mais tant de violence, de souffrance pour simplement tenter de vivre. Un texte douloureux tant il est ancré dans le réel. Comment peut-on encore faire comme si on ne voyait pas, comme si on ne savait pas?

L'escalier
Une très jolie relecture pour conclure ce recueil avec l'histoire de cette amitié intergénérationnelle. Même cage d'escalier. Le souvenir de Momo et de Madame Rosa m'a accompagné dans cette lecture qui nous rappelle combien on gagne à ouvrir sa porte aux autres, à tendre une main ou à accepter de la prendre, combine on est plus fort ensemble. 

Je remercie les éditions Belfond pour ce partenariat.


Présentation de l'éditeur:

Il y a des soupirs, des souvenirs et des sourires.
Il y a ces jours sans fin et ces nuits sans chaleur. Cette sensation d’être sale, d’être rien, moins que rien.
Ces dangers qu’on n’a pas vus venir, ces risques qu’on n’a pas osé prendre. Ces tentations auxquelles on n’a pas eu la force de résister.
Il y a ces mauvais héritages, ces mauvais choix, mauvaises pentes, mauvais départs.
Il y a ce manque de chance.
Il y a cette colère, ce dégoût.
Il y a…
Des fois où on préférerait être mort.
 
Voilà ce qu’on découvre dans les Chambres noires de Karine Giebel, recueil de quatre nouvelles inédites dont les héros, ou anti-héros, incarnent et dénoncent tour à tour les manquements de notre société. Quatre histoires pour lesquelles l’auteure emprunte les titres de grands films qui l’ont marquée.
Après D’ombre et de silence, elle nous offre un nouveau recueil tout en noir, humain, engagé, bouleversant, qui agit comme un révélateur, nous faisant ouvrir les yeux sur le monde en dépit de son opacité et de sa noirceur.
À la fin de l’ouvrage, en bonus, trois nouvelles déjà parues dans Treize à table ! (Pocket) au profit des Restos du Cœur ainsi que Sentence, nouvelle écrite en plein confinement et publiée dans Des mots par la fenêtre (12-21) au profit de la Fondation Hôpitaux de Paris-Hôpitaux de France.