L'art de perdre

 d'Alice Zeniter

Il était temps que je lise ce livre présenté par Céline comme coup de coeur lors de notre 1er cercle de la Parentaise ! Malgré son engouement, quelque chose me retenait un peu et j'ai bien failli passer à côté d'un excellent roman. Si vous l'avez sur vos étagères, ne le laissez surtout pas prendre la poussière ! 

Naïma est à un carrefour de sa vie, les questions se bousculent dans sa tête et elle a besoin de remonter la piste de ses racines pour comprendre qui elle est. Elle n'a jamais mis les pieds sur le sol qui a vu grandir ses ancêtres, a été marquée par les silences de son père, tout ce qu'elle n'a jamais osé demandé à son grand-père et le fossé de la langue qui se creuse désormais avec sa grand-mère. 

Parce qu'elle a remonté ce fil, Naïma nous offre ici l'histoire de sa famille. Un plongeon au coeur de la Kabylie qui nous permet de cerner un peu ce qui s'est tissé autour des uns et des autres, au fil des drames et des choix impossibles, de ce qui n'a jamais pu être dit. L'histoire avance et le mot harki résonne, alors qu'il prend différentes significations selon la bouche qui le prononce. 

J'ai aimé le ton du livre avec cette quête identitaire, comme une envie de combler un silence qui empêche d'être soi-même. Ali, Yema, Hamid, tous ces personnages prennent vie et on s'y attache, les uns après les autres, on les voit grandir, suivre une route, tenir bon... Ces vies qui défilent nous rappellent combien les choses sont complexes alors même que l'Histoire ne laisse aucun autre choix que celui d'un camp. Combien comme Naïma sont encore prisonniers du passé de leur famille et d'un héritage qu'ils ne peuvent pourtant pas saisir. 

Pourtant j'ai fermé ce livre avec une bouffée d'espoir : Naïma s'est affranchie en comblant ainsi les vides et peut maintenant écrire sa propre histoire. Une très belle découverte !

Présentation de l'éditeur:

L'Algérie dont est originaire sa famille n'a longtemps été pour Naïma qu'une toile de fond sans grand intérêt. Pourtant, dans une société française traversée par les questions identitaires, tout semble vouloir la renvoyer à ses origines. Mais quel lien pourrait-elle avoir avec une histoire familiale qui jamais ne lui a été racontée ? Son grand-père Ali, un montagnard kabyle, est mort avant qu'elle ait pu lui demander pourquoi l'Histoire avait fait de lui un "harki". 
Yema, sa grand-mère, pourrait peut-être répondre mais pas dans une langue que Naïma comprenne. Quant à Hamid, son père, arrivé en France à l'été 1962 dans les camps de transit hâtivement mis en place, il ne parle plus de l'Algérie de son enfance. Comment faire ressurgir un pays du silence ? Dans une fresque romanesque puissante et audacieuse, Alice Zeniter raconte le destin, entre la France et l'Algérie, des générations successives d'une famille prisonnière d'un passé tenace. 
Mais ce livre est aussi un grand roman sur la liberté d'être soi, au-delà des héritages et des injonctions intimes ou sociales.

Commentaires

  1. Il est en effet sur une étagère depuis un moment... En édition collector limitée en plus. Je vais le mettre dans ma liste des 21 de 2021, il me reste encore de la place :-)

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    1. C'est une excellente idée. Il mérite vraiment d'être lu (surtout une belle édition!!), je suis contente si mon billet l'a fait basculer dans ta liste 2021!!

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