Mémoire de ma mémoire

de Gérard Chaliand


Quatrième de couverture:

« La mémoire de ma mémoire n'est pas ce que j'ai vécu mais ce dont j'ai hérité. L'écho d'un passé. Elle est la partie immergée de mon histoire. L'amont nocturne de ma saga. Le caillot que j'avais dans le poing au jour de ma naissance et dont, enfant, on m'a transmis la tragédie. Et que j'ai voulu oublier. » Centré sur le drame vécu par les Arméniens de l'Empire ottoman entre la fin du XIXe siècle et les lendemains de la Première Guerre mondiale, ce récit d'une rare puissance mêle l'Histoire, les dits de la mémoire familiale, les images et les vestiges qu'en drainent leurs héritiers. Jamais ce qu'on a dénommé le premier génocide du XXe siècle n'avait trouvé une expression aussi épique ni aussi universelle.

Mon avis:

Voici un texte qui ne peut laisser indifférent. Gérard Chaland nous emporte ici dans l'histoire de sa famille. Il parcourt les traumatismes de ses aïeux, les horreurs traversées qui ont marqué son enfance au travers des silences et des rengaines des vieilles femmes de son village. Après avoir exploré le monde autour des atrocités perpétrées ailleurs, il peut enfin revenir à la source et s'autoriser à entendre la voix des victimes arméniennes. 

Même si ce sont des histoires remontant parfois à plus d'un siècle, ce livre sonne comme un témoignage. En effet, par le biais de son texte, c'est tout un peuple qui s'exprime, génération après génération et pourtant le style reste très personnel comme si c'était du vécu de l'auteur qu'il agissait. Cela met en avant l'aspect transgénérationnel de l'oeuvre et cette forme m'a plue car je suis particulièrement sensible à ce qui se transmet, aux fardeaux que l'on porte parfois même sans le savoir.  J'ai aussi appris beaucoup de choses sur une partie de l'histoire qui nous est très peu (ou même pas du tout) apprise à l'école , et même si la lecture est parfois à la limite du supportable, ce fut une lecture très intéressante. 

J'ai été un peu gênée dans ma lecture par la multitude d'informations historiques et géographiques. Elles étaient certainement capitales pour bien comprendre les enjeux politiques et les différents massacres dans l'histoire de ce peuple, mais ça m'a paru malgré tout un peu long. Des noms parfois difficiles à retenir, à situer les uns par rapports aux autres, qu'il s'agissent de guerriers, de régions ou de cités. 
Par contre, j'ai beaucoup apprécié la manière assez poétique avec laquelle l'auteur arrive à retransmettre certaines scènes. Le regard change, le ton et le rythme aussi en même temps que la typographie. Ainsi les passages en italique m'ont interpellée. Ils nous projettent dans d'autres lieux, à d'autres époques. Parfois poétiques, parfois empreints de rage, ces lignes ramènent le propos de l'auteur au premier plan, alliant témoignage poignant et devoir de mémoire. 
Gérard Chaliand revient à de nombreuses reprises sur la frustration sexuelle qui engendre chez les agresseurs une violence sexuelle inouïe. Rien ne semble être épargné au lecteur. Il a d'ailleurs été nécessaire pour moi de couper ma lecture plusieurs fois même si le livre est très court. 

Mon ressenti est assez mitigé finalement car si je ne suis pas sure d'avoir apprécié ce livre, il me semble pourtant important voire indispensable de l'avoir lu! 




J'ai lu ce livre dans le cadre d'un partenariat de Livraddict avec les éditions Points. Un grand merci donc à l'équipe du forum pour la recherche active de partenariats et à aux éditions Points pour l'envoi de ce livre !!

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