I comb Jesus et autres reportages africains

de Jean-Philippe Stassen

Quatrième de couverture:

I comb Jesus est un livre de reportages « africains ». Au cœur de tous ces reportages : les migrations des victimes de la guerre et de la misère… Ces reportages ont été effectués au Rwanda, au Congo, en Belgique, en Espagne, au Maroc, en France et en Afrique du Sud. Dans tous ces reportages, Jean-Philippe Stassen écoute et dialogue avec d’anciens enfants-soldats de la région du Kivu, des rescapés du génocide rwandais, des Congolais, des Burundais et des Rwandais de Bruxelles, des migrants à Gibraltar ou encore, à Johannesburg, avec le peintre et dessinateur sud-africain Anton Kannemeyer. Ils disent l’exil, la guerre et la misère, mais aussi l'amour, la tendresse, l'ambition, l'ennui.

Mon avis:


J'ai eu un gros coup de coeur pour ce très beau livre que je vous conseille vivement. J'ai découvert un genre auquel je n'avais jamais goûté et auquel je reviendrai rapidement : le reportage BD. J'ai été très vite séduite à la fois par le fond et par la forme.

L'auteur nous livre cinq reportages qui nous plongent au coeur de réalités poignantes. Le ton varie, la distance aussi. Parfois simple observateur de faits qui en disent long sur la situation d'un pays ou de ses habitants, parfois partie prenante au coeur d'échanges privilégiés et de rencontres, parfois en journaliste qui se positionne, Jean-Philippe Stassen fait mouche. Le lecteur découvre, apprend, réfléchit, ressent.

Le graphisme est superbe. Les choix, de cases, de bulles, de fonds, d'ombres, de contrastes,  sont autant de signes et d'indices qui rajoutent du poids à son propos. Il parait y avoir au final bien peu de mots par rapport à la quantité d'informations que le lecteur reçoit. 

Dans chacun des sujets traités, j'ai trouvé l'approche de l'auteur très juste. Cette lecture m'a inspiré beaucoup de respect, tant pour l'artiste que pour le journaliste, pour tout ce qu'il semble avoir investi dans ce travail et pour la manière dont il réussit à nous le restituer.

J'ai particulièrement aimé "I comb Jesus" et "A propos des revenants" parce que l'émotion a été encore plus forte et que l'histoire du Rwanda me touche particulièrement.



Dans  la matinale sur Nova, interviewé par Mélanie BAUER et Thierry PARET, l'auteur revient sur ses choix graphiques : 
" Je ne parle pas que des victimes de la guerre du génocide, je parle aussi de gens qui en profitent, je parle aussi de gens qui sont motivés par l'amour, par l'ambition, par des choses tout à fait humaines.Il y deux registres graphiques en général dans mes reportages, il y a mon style habituel avec les gros traits et en utilisant ce style là, j'atteste que j'ai assisté à ce que je décris. Après, il y a un registre un peu plus naïf, avec des espèces d'ombres chinoises et là je reproduis ce que les gens me racontent.Je ne montre pas les choses horribles, je n'ai pas de légitimé parce que je n'y ai pas assisté, je n'y ai pas participé. "

ainsi que sur la particularité de ces BD qui sont des reportages:
"Quand j'ai participé au premier numéro de la revue XXI, j'ai essayé d'appliquer ce que je pense être les règles du journalisme : beaucoup de lectures en amont, aller sur le terrain, prendre des informations, recouper, faire des interviews. C'est du journalisme oui."

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