Cette colline qui ne m'a pas quittée

de Béata Umubyeyi-Mairesse




Il y a 20 ans, Beata Umubyeyi-Mairesse quittait son pays, le Rwanda, pour l’Europe. Tutsi et métisse, elle avait à peine 15 ans.  Après ses études, Beata travaille dans le milieu associatif, où elle apprend à porter sa peau comme on porte un vêtement réversible. Dans ce texte, entre fiction et réalité, elle interroge les représentations.

Mon avis:
Beata est rwandaise. Survivante du génocide elle arrive en France à 15 ans. Dans ce texte elle raconte comment son histoire fait partie d'elle par des situations réelles ou des anecdotes choisies. Si elle ne souhaite pas offrir un témoignage, ses mots nous touchent tout autant. Ils nous rappellent à notre devoir de mémoire, nous confrontent à des situations d'hier ou d'aujourd'hui. Malaise entre des peuples, horreurs insoutenables, nostalgie d'une terre, regard sur un pays qui change. Comment affronter l'horreur, continuer à vivre, et rester fidèle à ses origines et à ce que l'on est. 
Beata est aussi mon amie. Quand elle m'a envoyé son texte, le titre même, lourd de sens, m'a bouleversée. Mais j'ai attendu de recevoir la revue XXI pour la lire sur papier. Si je connais une partie de son histoire et de ses combats, j'ai découvert ici le talent avec lequel elle mêle les anecdotes et les situations, suscitant à la fois l'émotion et la réflexion du lecteur, pour faire émerger du sens.
Il me tarde de lire son premier recueil de nouvelles Ejo à paraître très bientôt.
"Je viens de Butare (Rwanda), qui s’appelait Astrida au temps des Belges. D’avril à juin 1994, pour survivre à la traque des Tutsis, j’ai dû apprendre à mentir sur mon identité et à passer d’une cachette à l’autre… C’est en juillet 1994 que j’ai posé pour la première fois le pied en France. Mon premier recueil de nouvelles s’intitule Ejo. En kinyarwanda, "ejo" signifie à la fois "hier" et "demain".
Beata Umubyeyi Mairesse


Extrait de l'interview de Marie Bernardeau sur France-info disponible ici.

Vous n'aimez pas vous étendre sur votre histoire, parce qu'à chaque fois c'est douloureux.


C'est aussi la question du témoignage à travers ça. A partir du moment où on ouvre la fenêtre de "je suis rwandaise, je suis survivante", on ouvre un peu la boite de Pandore. Personnellement je n'ai jamais fait le choix du témoignage et c'est ce qui se passe dans ce texte. Je parle dans la première partie de quelque chose de vécu qui est moins douloureux et après je fais le choix de la fiction justement parce que personnellement je n'ai jamais souhaité me mettre dans la posture de la survivante témoin. Il  y a eu de nombreux témoignages publiés dont certains avec une véritable qualité littéraire à propos notre histoire.


Et vous aujourd'hui est-ce que vous avez réussi à apprivoiser votre histoire, ce récit c'est une façon d'exorciser?

Je ne me suis pas engagée dans l'écriture pour cela. Je fais partie de la génération de celles et ceux qui étaient adolescents pendant le génocide et quand on a eu la chance comme moi de pouvoir continuer ses études et de se reconstruire une vie, ça a été plus facile de continuer à avancer. Je pense que ça a été beaucoup plus difficile pour celles et ceux qui étaient plus agés et qui n'ont pas forcément eu les mêmes chances de parcours.


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