Antoine

 de Christian Blanchard


Christian Blanchard a le chic de faire des romans dont on ne sort pas indemnes. Celui-ci ne fait pas exception !
Il donne le ton dès les premières pages alors qu'on fait la connaissance d'Antoine et j'ai aimé d'entrée de jeu le parti pris de l'auteur : le récit chronologique de la vie d'Antoine est entrecoupé avec des extraits de ses carnets, beaucoup plus intimes, écrits alors qu'il est manifestement interné. On sait qu'Antoine va vivre son lot de drames et d'événements traumatiques avant d'être dans cette institution mais il écrit, il essaie de donner du sens, alors on s'accroche à cet espoir. Ce double récit met en relief certains épisodes de sa vie, des instants clefs, car on perçoit la situation d'un point de vue extérieur puis on plonge dans ce qu'il en a gardé. J'ai trouvé que ce choix intensifiait l'attachement à Antoine, tout en renforçant une tension permanente: la peur que cette violence tapie dans un coin s'exprime à nouveau.

Alors qu'il grandit au sein d'un foyer où la violence s'est installée, il a appris à se faire le plus petit possible. Mais un soir où les choses semblent aller trop loin, alors que son père est entrain d'étrangler sa mère, il se jette sur lui et le poignarde. J'ai tremblé pour lui alors que le système avance, implacable, et que le sort continue de s'acharner sur ce tout jeune garçon. 
 
J'ai beaucoup aimé la dimension humaine de ce roman au delà de l'injustice et de la malchance, ces mains qui lui sont tendues et ces personnes qui s'attachent sincèrement à lui. Antoine fait constamment des efforts pour faire ce qu'on attend de lui tout en craignant ce qu'il pourrait être réellement. Sa vision du monde qui l'entoure est forcément déformée par ce qu'il a vécu, mais au milieu de ce parcours chaotique, il crée tout de même des liens forts. 
 
Je ne me lasse pas de l'écriture de cet auteur, il nous offre ici une nouvelle histoire poignante et un très bon roman, encore!

Je remercie les éditions Belfond pour ce partenariat.


Présentation de l'éditeur:

Des chantiers navals de Dieppe à un ring de boxe de la banlieue parisienne, Christian Blanchard retrace l’itinéraire d’un jeune garçon égaré sur l’échiquier du bien et du mal. Un thriller social plein d’émotion, d’espoir, d’amour, de violence et de folie, pour conter, en filigrane, la France des années 1970.
Seul l’enfant était vivant. Il était incapable de parler. Adossé contre un mur, les mains sur les oreilles, il se balançait d’avant en arrière en se tapant le crâne sur la paroi.
 
Antoine a douze ans lorsqu’il commet le geste fatal. Un acte irréfléchi, comme une réponse impulsive à une terreur inouïe. La lame d’un couteau qui s’enfonce dans le corps furieux de son père pour tenter de protéger sa mère, en vain. La première marche d’une échelle infernale.
 
Maison d’arrêt, centre fermé pour mineurs, Antoine se retrouve ballotté au sein d’un système judiciaire qui ne fait pas le tri entre victimes et bourreaux. Antoine encaisse, se raccroche au tendre souvenir maternel. À une lumière qui lui échappe peu à peu.
 
Combien de temps pourra-t-il tenir à distance la bête qui gronde en lui ? Saura-t-il saisir les mains tendues de celles et ceux qui veulent le protéger ? Qu’a-t-il à sauver, lui qui a déjà tout perdu ?

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