Les poissons ne ferment pas les yeux

d'Erri De Luca


C'est un roman vers lequel je ne serais pas allée, mais Franck m'a donné envie de découvrir cet auteur en nous le présentant lors d'un de nos cercles de lecture et je suis contente d'avoir fait cette jolie découverte.

Dans ce récit autobiographique, l'auteur revient sur les étés de son enfance. Il plonge dans le passé avec le recul d'un homme qui fait le point sur sa vie et essaie de cerner les éléments clés de son développement.

L'été, les retrouvailles avec cette île des vacances, dix ans, un corps qui renferme encore tous les possibles, un esprit déjà vif et alerte. Une rencontre avec une fillette va bouleverser son univers, au delà même de ce qu'il pensait possible.
Il y a beaucoup de poésie dans l'écriture, de douceur dans le choix des mots et dans le rythme. Un voyage dans les mémoires de cet auteur très agréable car on se laisse emporter par les préoccupations et les enjeux de ce tout jeune adolescent.

Présentation de l'éditeur:

«À travers l’écriture, je m’approche du moi-même d’il y a cinquante ans, pour un jubilé personnel. L’âge de dix ans ne m’a pas porté à écrire, jusqu’à aujourd’hui. Il n’a pas la foule intérieure de l’enfance ni la découverte physique du corps adolescent. À dix ans, on est dans une enveloppe contenant toutes les formes futures. On regarde à l’extérieur en adultes présumés, mais à l’étroit dans une taille de souliers plus petite.» Comme chaque été, l’enfant de la ville qu’était le narrateur descend sur l’île y passer les vacances estivales. Il retrouve cette année le monde des pêcheurs, les plaisirs marins, mais ne peut échapper à la mutation qui a débuté avec son dixième anniversaire. Une fillette fait irruption sur la plage et le pousse à remettre en question son ignorance du verbe aimer que les adultes exagèrent à l’excès selon lui. Mais il découvre aussi la cruauté et la vengeance lorsque trois garçons jaloux le passent à tabac et l’envoient à l’infirmerie le visage en sang. Conscient de ce risque, il avait volontairement offert son jeune corps aux assaillants, un mal nécessaire pour faire exploser le cocon charnel de l’adulte en puissance, et lui permettre de contempler le monde, sans jamais avoir à fermer les yeux.

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