Un élément perturbateur

de Olivier Chantraine


J'ai été surprise d'accrocher autant à ce personnage principal Serge, "un élément perturbateur" forcément puisqu'il ne cadre pas du tout avec ce que la société attend de lui.

L'auteur nous le décrit d'une mollesse incroyable, fardeau pour sa soeur qui l'a encore à charge à plus de quarante ans, tâche pour son frère dont la carrière politique passe avant tout, et avec un manque d'envie, d'énergie, une incapacité à établir des liens, à faire un quelconque effort. Bien des scènes donnent envie de le secouer, et pourtant...
L'auteur arrive à donner un sacré relief à Serge, qui est très au clair sur son inaptitude sociale. Il se révèle d'un humour caustique, avec une répartie souvent très bien sentie et il ne se laisse pas tant malmener que cela. Il fait des choix, modifie son attitude, se laisse parfois porter, mais il est au final bien aux commandes. Et au fil des pages, malgré son inaptitude sociale perçue au départ, on réalise qu'il a tissé des liens à bien des niveaux. J'ai particulièrement apprécié ce qu'il va représenter pour le personnel dans cette entreprise du Sud de la France!
Au fil de ses réflexions sur lui même et sur son rapport aux autres, à l'amour, à sa famille, on en vient même à se questionner sur notre propre rejet initial du héros! 

Il y a beaucoup d'humour et de rebondissements dans ce roman et j'ai pris du plaisir à le lire. 
Une lueur d'espoir même ! En effet Serge peut faire des crises d'aphasie et même s'il est plutôt doué dans son boulot, il refuse de rentrer dans le rôle qu'il doit jouer pour la carrière de son frère. Car derrière tout ça il y a des enjeux financiers énormes (la situation de ce candidat n'est pas sans en rappeler un autre et nous fera bien grincer des dents). Il ne joue pas le jeu et j'ai fini par beaucoup l'apprécier pour ça! Un peu d'intégrité, ça fait vraiment du bien! 

Une belle découverte!

Présentation de l'éditeur:

«J’enroule ma parka Patagonia dans mon sac à dos avant d’entrer, et me saisis d’une chemise cartonnée qui me permet de débouler directement dans les couloirs sans qu’on sache précisément d’où je viens. Ensuite je pose la chemise sur mon bureau et file à la machine à café, généralement en compagnie de Laura, accréditant la thèse de la première pause d’une journée commencée bien plus tôt. Laura est la seule ici à me témoigner un début d’affection, peut-être parce qu’elle n’a pas de chien ni d’enfant à charge.» 

Un premier roman à l’humour décapant, qui illustre le rapport ambivalent du héros à la réussite, à la famille, au couple, et à tous types de discours dominants.


Je remercie les éditions Folio pour ce partenariat!

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