Comme si j'étais seul

de Marco Magini



Ce roman est très bien écrit. Il a pourtant été difficile à lire. Il nous renvoie à une réalité si proche, si violente qu'il est insupportable de l'accepter. Un roman nécessaire donc.

Les différents chapitres sont les récits entrecoupés de plusieurs personnages.
Au fil de la lecture on entend ces différentes voix qui résonnent entre elles pour reconstituer l'impensable.
On entend Dirk, un casque bleu qui est revenu traumatisé de la guerre en Yougoslavie et ne sera plus jamais le jeune homme qu'il était avant.
Roméo, un magistrat qui pensait atteindre un tournant de sa carrière en participant à ce tribunal international et va y faire face à ses propres démons.
Drazen, un jeune yougoslave dont on suit le parcours, de la guerre qui éclate au massacre de Srebrenica pour lequel il sera jugé.

C'est une histoire vraie qui nous oblige à questionner l'humain et l'inhumain.
L'aberration de cette position de l'ONU, des casques bleus contraints à la non intervention au péril de leurs vies et de leurs âmes.
L'enjeu derrière ce procès qui cherche à définir les responsabilités d'un tel massacre.
La violence inouïe de tout ce qui précède ce massacre, de cette guerre. Cette haine qui monte et qui est attisée. Ces regards qui se détournent.

Un livre qui ouvre les yeux, qui pousse à aller plus loin dans la connaissance d'un conflit et de violences qu'on préfèrerait ignorer.

J'ai trouvé incroyable la droiture de ce jeune homme qui ne peut retourner chez lui et reprendre sa vie de père là où il l'avait laissée. Cet homme qui va témoigner de ce massacre et plaider coupable. Et qui par ce choix, reste un homme justement.



Présentation de l'éditeur:

«À Srebrenica, la seule façon de rester innocent était de mourir.» 
Dražen a vingt ans lorsque la guerre éclate en Yougoslavie. Pour subvenir aux besoins de sa famille, il s’engage dans l’armée serbe. Piégé dans un engrenage qui le dépasse, il finira par prendre part au massacre de Srebrenica. Un an après les faits, alors qu’il est le seul soldat à plaider coupable, Dražen est jugé au Tribunal pénal international de La Haye. Comme en témoigne Dirk, un casque bleu néerlandais, l’ONU s’est pourtant refusée à intervenir lors de ce génocide qui aura coûté la vie à 8 000 civils. Quelle sentence Romeo González, magistrat en charge de l’affaire, peut-il prononcer? Quelle part de responsabilité un seul homme peut-il assumer dans ce qui est encore aujourd’hui considéré comme le pire massacre perpétré en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale?


Je remercie les éditions Folio pour ce partenariat!

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