Les cosmonautes ne font que passer

d'Elitza Gueorguieva


Voici un petit roman dépaysant que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire. Notre jeune héroïne voit son univers avec ses yeux d'enfants. Elle ne comprend pas toujours tout ce qui se passe autour d'elle, les raisons des messes basses de ses parents. Elle s'accroche à son admiration pour Gagarine, son projet personnel pour devenir cosmonaute, et veut croire en l'amitié. Mais le monde change autour d'elle. Elle grandit et change peu à peu de modèles.
Le lecteur, lui, perçoit dans le ton, les mots, les actes comment la politique imprègne leur quotidien en plus de façonner le pays. Je ne connaissais pas l'Histoire de la Bulgarie et elle m'a donné envie d'en savoir d'avantage sur le régime de Tudor Jivkov.
Au départ, l'utilisation du "tu" m'a un peu gênée puis je m'y suis faite. J'ai été sensible au rôle que joue l'école dans la propagande. La narratrice fait de nombreuses allusions à son grand-père communiste dans le texte et j'ai beaucoup aimé le passage où elle le rencontre, perdu dehors. De la même génération que l'héroïne j'ai été touchée par son admiration pour Gagarine, je me souviens comme Paul-Emile Victor et Haroun Tazief me faisaient rêver enfant. Derrière la trame politique et la résistance à un régime qui tente de tout formater, il y a tous les doutes et la nostalgie qui accompagnent un enfant vers l'adolescence.


Présentation de l'éditeur:

«Ton grand-père est communiste. Un vrai, te dit-on plusieurs fois et tu comprends qu’il y en a aussi des faux. C’est comme avec les Barbie et les baskets Nike, qu’on peut trouver en vrai uniquement si on possède des relations de très haut niveau. Les tiennes sont Fausses. Les Barbie, tu t’en fous, sauf que Constantza en a une vraie et ça te rend un peu furieuse. 
Constantza a un autre grand avantage : elle a une mère en Grèce alors que la tienne reste à la maison. De ce fait découlent quelques autres, de plus en plus déplaisants : 
a) elle peut voyager à l’étranger, 
b) elle a un éléphant doré et surtout 
c) une vraie Barbie. 
Une chose te rassure dans ces moments de tristes constats : à l’âge de sept ans, elle n’a aucun idéal précis ni aucune vocation noble comme toi. Iouri Gagarine, elle s’en fout, elle se contente de jouer avec sa vraie Barbie et son faux grand-père qui n’est même pas communiste.»


Je remercie les éditions Folio pour ce partenariat!

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