de Charles Baudelaire
Mon avis:
J'ai lu ce recueil de poème il y a près d'un mois mais j'ai eu du mal à faire ce billet... Je ne l'aurais d'ailleurs certainement pas fait si je n'avais pas lu ce livre dans le cadre du challenge palà2 avec Coconut!!!
Je ne sais pas vraiment ce qui me freine... L'impression peut-être de devoir le relire pour en saisir davantage, la sensation qu'une seule lecture ne suffit pas... Bref!
J'ai aimé l'écriture de Baudelaire et ça a été agréable de parcourir ses poèmes. Pourtant je ne l'ai pas dévoré comme certains recueils de Prévert, Queneau ou Hugo...
J'ai été surprise car même si certains poèmes sont sombres je m'attendais à un recueil beaucoup plus noir. On trouve ici dans tous les vers d'une sorte de nostalgie de l'instant, les descriptions sont précises et fidèles, glauques parfois mais toujours précieuses car éphémères. Chaque moment de la journée, chaque personne qu'il croise, chaque chose sur laquelle il pose son regard demeure suspendue dans le temps par le poids de ses mots.
Même si je n'ai pas été touchée d'une manière générale par son style ou par ses mots, certains poèmes m'ont vraiment touchée, en voici deux parmi mes préférés de ce recueil:
Le crépuscule du soir
Voici le soir charmant, ami du criminel
;
Il vient comme un complice, à pas de loup ; le ciel
Se ferme
lentement comme une grande alcôve,
Et l'homme impatient se change
en bête fauve.
Ô soir, aimable soir, désiré par celui
Dont
les bras, sans mentir, peuvent dire : Aujourd'hui
Nous avons
travaillé ! - C'est le soir qui soulage
Les esprits que dévore
une douleur sauvage,
Le savant obstiné dont le front
s'alourdit,
Et l'ouvrier courbé qui regagne son lit.
Cependant
des démons malsains dans l'atmosphère
S'éveillent lourdement,
comme des gens d'affaire,
Et cognent en volant les volets et
l'auvent.
A travers les lueurs que tourmente le vent
La
Prostitution s'allume dans les rues ;
Comme une fourmilière elle
ouvre ses issues ;
Partout elle se fraye un occulte chemin,
Ainsi
que l'ennemi qui tente un coup de main ;
Elle remue au sein de la
cité de fange
Comme un ver qui dérobe à l'homme ce qu'il
mange.
On entend çà et là les cuisines siffler,
Les théâtres
glapir, les orchestres ronfler ;
Les tables d'hôte, dont le jeu
fait les délices,
S'emplissent de catins et d'escrocs, leurs
complices,
Et les voleurs, qui n'ont ni trêve ni merci,
Vont
bientôt commencer leur travail, eux aussi,
Et forcer doucement les
portes et les caisses
Pour vivre quelques jours et vêtir leurs
maîtresses.
Recueille-toi, mon âme, en ce grave moment,
Et
ferme ton oreille à ce rugissement.
C'est l'heure où les douleurs
des malades s'aigrissent !
La sombre Nuit les prend à la gorge ;
ils finissent
Leur destinée et vont vers le gouffre commun
;
L'hôpital se remplit de leurs soupirs. - Plus d'un
Ne viendra
plus chercher la soupe parfumée,
Au coin du feu, le soir, auprès
d'une âme aimée.
Encore la plupart n'ont-ils jamais connu
La
douceur du foyer et n'ont jamais vécu !
Le crépuscule du matin
La diane chantait dans les cours des
casernes,
Et le vent du matin soufflait sur les lanternes.
C'était
l'heure où l'essaim des rêves malfaisants
Tord sur leurs
oreillers les bruns adolescents ;
Où, comme un oeil sanglant qui
palpite et qui bouge,
La lampe sur le jour fait une tache rouge
;
Où l'âme, sous le poids du corps revêche et lourd,
Imite les
combats de la lampe et du jour.
Comme un visage en pleurs que les
brises essuient,
L'air est plein du frisson des choses qui
s'enfuient,
Et l'homme est las d'écrire et la femme d'aimer.
Les
maisons çà et là commençaient à fumer.
Les femmes de plaisir,
la paupière livide,
Bouche ouverte, dormaient de leur sommeil
stupide ;
Les pauvresses, traînant leurs seins maigres et
froids,
Soufflaient sur leurs tisons et soufflaient sur leurs
doigts.
C'était l'heure où parmi le froid et la
lésine
S'aggravent les douleurs des femmes en gésine ;
Comme un
sanglot coupé par un sang écumeux
Le chant du coq au loin
déchirait l'air brumeux ;
Une mer de brouillards baignait les
édifices,
Et les agonisants dans le fond des hospices
Poussaient
leur dernier râle en hoquets inégaux.
Les débauchés rentraient,
brisés par leurs travaux.
L'aurore grelottante en robe rose et
verte
S'avançait lentement sur la Seine déserte,
Et le sombre
Paris, en se frottant les yeux,
Empoignait ses outils, vieillard
laborieux.
Il fut le poète que j'ai le plus aimé adolescente.
RépondreSupprimerLe recueil des fleurs du mal que je possède m'a été offert par ma soeur pour mes 17 ans.
Il était temps que je lise ce recueil!!!
SupprimerJe suis heureuse que tu ais pu découvrir une autre facette du poète maudit que fut Baudelaire.
RépondreSupprimerLes deux poèmes que tu cites sont très beaux, moi j'vais énormement apprécié le parfait exotique et nostalgique qui se dégageait de certains textes...
suis ravie aussi! Vais découvrir Jacq maintenant!!!
SupprimerJe n'ai pas lu tout le recueil mais certains poèmes seulement. J'en ai apprécié certains même si la poésie n'est pas ma tasse de thé. ^^ Comme toi, je m'attendais à beaucoup plus de noirceur mais je n'ai pas été remuée du tout. Je devrais peut-être le redécouvrir.
RépondreSupprimerJ'ai l'impression qu'il faudra aussi que je le redécouvre plus tard!!!
SupprimerJe ne l'ai jamais lu... J'hésite un peu je dois dire.
RépondreSupprimerCe n'est pas noir en tous cas!!! (enfin pas que!!!!)
SupprimerBonjour Piplo, à l'occasion cette année 2021, de la commémoration des 200 ans de la naissance de Baudelaire, je me suis replongée dans Les Fleurs du mal que j'ai eu tant de mal à comprendre en 1ère au lycée. 40 ans après, je ne suis pas sûre de les comprendre beaucoup mieux. Mais il y en a des très beau. Bonne soirée.
RépondreSupprimerBonjour dasola
SupprimerC'est parfois noir, pas toujours clair mais comme vous certains m'ont touchée.