Nana

d'Emile Zola

Quatrième de couverture:


«Le sujet de Nana est celui-ci : Toute une société se ruant sur le cul. Une meute derrière une chienne, qui n'est pas en chaleur et qui se moque des chiens qui la suivent. Le poème des désirs du mâle, le grand levier qui remue le monde.»(Émile Zola).
Dans ce roman, et dans ce personnage de courtisane, Zola a peint à la fois la corruption d'une femme, de la société où elle recrute ses amants, et d'un régime politique, le Second Empire, qui se rue avec insouciance vers la guerre et la débâcle. Sexualité, histoire et mythe vivent et meurent ensemble, dans un même souffle brutal.


Mon avis:

Je n'avais lu de Zola que Germinal, Nana fut pour moi une belle découverte!
Pour commencer, il m'a fallu un peu de temps pour rentrer dans le livre. Comme dirait ma mère, Zola était un feuilletoniste, et ça se ressent beaucoup sur la mise en place du début du roman. Cela dit, je trouve qu'il reste très facile à lire car sa plume est très agréable. J'ai failli avoir un peu de mal avec le milieu dépeint, comme quand j'ai lu les liaisons dangereuses où tous ces cancans et réflexions abaissantes des uns sur les autres m'ont beaucoup déplus. Pourtant le ton ici est celui de la bouffonnade et le rythme et l'aspect enjoué des évènements m'ont vite fait passer cette impression.

Au fil des pages j'ai flashé sur ce personnage de Nana: elle aime les autres,  elle se désintéresse de l'argent, revendique de ne pas être plus heureuse avec que sans le sou, cherche désespérément le bonheur, l'amour, aime la vie, les hommes ... et c'est là que j'ai eu l'impression d'être en décalage avec l'auteur. Dans ma lecture il m'a semblé évident qu'il lui donnait un beau rôle, d'une femme perdue mais certainement pas détestable. Elle est elle même, et "feint" si peu comparé aux autres. A plusieurs reprises elle semble faire ce qui n'est pas raisonnable aux yeux de Zoé et de sa tête parce qu'elle ne peut plus faire semblant. Elle renonce à tout pour la sensation d'être aimée. Elle donne du bonheur aux hommes et c'est leur fascination inconditionnelle pour elle qui les perd et pas les manigances de Nana. J'ai trouvé dur qu'elle meure défigurée par la variole (comme la Merteuil d'ailleurs...) et dans d'atroces souffrances, mais je comprends la signification pour Zola du pourrissement de ce système politique et social. Par contre quand il écrit:

« Pour Nana, écrivit Zola, les réquisitoires dépassent tout ce qu'on peut imaginer… J'ai cherché à mettre de l'humanité sous mes phrases, j'ai eu l'ambition, sans doute trop grande, de vouloir planter debout une fille, la première venue, comme il y en a plusieurs milliers à Paris, et cela pour protester contre les Marion Delorme, les Dame aux camélias, les Marco, les Musettes, toute cette sentimentalité, tout cet enguirlandage du vice que je trouve dangereux pour les mœurs et d'une influence désastreuse sur l'imagination de nos filles pauvres.»
je ne comprend pas vraiment. Je n'ai pas eu l'impression que c'est contre les "Nana" qu'il protestait dans ce roman mais plutôt contre la subjugation de la chair au détriment du reste et contre une société à laquelle finalement elle n'appartient pas et n'appartiendra jamais... 



Les avis de cette lecture commune organisée avec coconut en cliquant sur l'image:




Commentaires

  1. Celui-là est dans ma PAL, il faudrait vraiment que je me lance !!

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  2. ah oui, en effet, on a un avis complètement opposé sur le personnage de Nana !! Le style Emile Zola est assez complexe mais plaisant à lire une fois qu'on s'habitue, je n'ai jamais lu "Germinal" mais j'espère pouvoir le lire un jour !

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    1. Je garde un très bon souvenir de Germinal!!! Il ne m'avait pas du tout paru long ou fastidieux!

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  3. Coucou,

    je remets ma réponse à ton commentaire sur Nana, je ne suis pas sûre que tu l'aies vue...
    Coucou,
    Je viens d’aller lire ton billet, je n’ai pas trop le temps de venir sur le forum en ce moment.
    C’est marrant que l’on ne pense pas du tout la même chose de Nana. Je ne pense pas qu’elle manigance la perte des autres, mais elle la provoque par son égoisme et son indifférence. Elle a une absence totale de compassion, c’est effrayant !
    Peut-être qu’elle cherche un peu d’amour, et elle aurait pu en avoir avec plusieurs hommes qui s’intéressaient réellement à elle, mais elle cherche aussi à avoir un meilleur rang social et elle gâche tout à cause de cette avidité.
    En tout cas, c’est mon ressenti !
    Ravie d’en discuter avec toi.

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    1. Merci d'être repassée Nath!
      C'est vrai que je me suis attachée à elle et que j'ai peut être perdu un peu en objectivité!!! Mais elle ne me parait pas plus égoïste que ces gens qui l'entourent et se servent les uns des autres. Son épisode avec Fontran montre bien qu'elle ne cherche que de l'amour et qu'elle est prête à payer cher pour ça, et à ne rien y gagner... Elle n'accorde aucune importance à l'argent elle parait donc odieuse quant elle fait si peu de cas de ce que perdent les uns ou des cadeaux qu'on lui offre. mais ça me parait assez juste compte tenu que tout ce qu'ils veulent c'est son corps... y a t-il vraiment un juste prix pour ça???
      J'ai trouvé très intéressant ton point de vue, et ça m'a bien montré mon parti pris!!!
      A bientôt;-)

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  4. Voilà enfin mon avis est publié ! Et je dois dire que cette lecture m'a surprise dans le bon et le mauvais sens...
    Heureuse de l'avoir découverte avec toi et rdv dans quelques jours pour Orgeuil et Préjugés !

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